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  • Photo du rédacteurDocteur FEROUL

La fin de vie et l'euthanasie


En ce moment pendant les consultations, le sujet de la fin de vie revient régulièrement, c’est pourquoi j’ai souhaité écrire un (premier) article à ce sujet.

Ce qui va suivre est une vision personnelle du sujet, je ne prétends pas détenir la vérité mais je souhaite livrer une expérience et un vécu de plus de 15 ans, aussi bien au niveau professionnel que personnel.

En premier lieu, ce que je souhaite dire c’est que le passage par l’euthanasie n’est pas obligatoire, c’est là l’essentiel de mon propos.

C’est un sujet très important pour moi et auquel nous sommes confrontés très régulièrement par notre métier de vétérinaire et qui m’a beaucoup faite évoluer dans mon approche de ce moment si particulier.

Je suis même passée par une phase où je ne voulais plus du tout euthanasier, aujourd’hui, ma position est plus modérée. En effet, il y a certains cas où la souffrance est telle que l’on ne peut faire autrement mais en réalité, cela ne représente peut-être que 10-15 % des cas. Oui, je pense que dans la majorité des cas, elle peut être évitée, avec un accompagnement très suivi bien entendu. Il ne s’agit pas de laisser l’animal sans soins, avec ses douleurs, non ! Cela demande une attention quasi permanente pendant tout le processus afin d’aider l’animal à passer ce cap dans les meilleures conditions et avec le moins de douleur et de stress possible.

Je souhaiterais que l’on sorte du simple débat, euthanasie versus souffrance car l’expérience m’a prouvé maintes fois le contraire et qu’en réalité, c’est beaucoup plus complexe que ça.


Quels sont les paramètres à prendre en compte ?

- L’appétit, la prise de boisson

- L’intérêt pour la vie ou pour ce qu’on leur propose (câlins, sorties etc..)

- La douleur évidemment

- Les symptômes propres à la maladie s’il y en a une



Quels sont les signes de douleur ?

Une anorexie associée à une augmentation de la fréquence respiratoire (nombre de respirations par minute)

Des gémissements ou des miaulements quand on les touche ou quand ils bougent ou se déplacent.

Des positions particulières (par exemple position de sphinx permanente chez le chat)

Ces signes doivent être permanents ou récurrents pour que l’on se pose la question d’abréger cela, sachant qu’il existe aujourd’hui beaucoup de produits naturels ou de médicaments pour apaiser les douleurs.

La vie est ainsi faite, les douleurs font partie de la vie et on ne peut pas se baser uniquement là-dessus pour prendre une décision si importante.

On parle d’ici d’arrêter une vie, ce n’est pas anodin et ce n’est pas parce qu’on a la possibilité et les produits qu’il faut le faire sans se poser plus de questions.

J’ai remarqué que très souvent, les animaux attendent certains jours particuliers, ou certaines personnes pour enfin lâcher prise et s’en aller tranquillement. Parfois ils attendent aussi que leur gardien humain soit prêt et c’est là aussi qu’il y a un travail à faire sur nous car cela peut les amener dans des situations de souffrance. J’ai déjà vu des animaux arriver dans des états très avancés de dégradation tout ça car l’ humain n’était pas prêt à le laisser partir ou était carrément dans le déni de l’état de son animal….

Ici, on ne parle pas de s’acharner à maintenir un animal en vie parce que l’on n’accepte pas son départ. La mort fait partie de la vie et malheureusement, nos animaux vivent moins longtemps que nous, il faut l’accepter.



Cela demande aussi de lâcher le contrôle sur la vie, et de vivre au jour le jour car on ne peut pas savoir combien de temps cela va durer, c’est souvent le plus difficile pour certaines personnes. Il faut aussi accepter de ne pas pouvoir choisir et contrôler et dans notre société actuelle où il faut tout maitriser, c’est difficile.


Les animaux ont une conscience et sont capables de choisir le moment où ils décident de partir , c’est un fait observé, il n’y a pas de croyance avec ça, il suffit de le vivre.

J’ai un grand nombre d’exemples, cela pourrait remplir un livre avec des animaux qui partent à des moments clés et surtout sans souffrance.

Certains attendent une date anniversaire, le retour d’un membre de la famille ou que toute la famille soit réunie, ou encore d’être juste seul pendant un moment. Il y a plein de cas différents si on laisse faire les choses.

Je pense aussi qu’il ne faut pas être trop interventionniste au risque de retarder ou empêcher ce processus naturel de se faire (nourrir de force, donner trop de médicaments)

On compare souvent à l’être humain mais chez les animaux en général, on ne les nourrit pas par sonde et on ne les intube pas pour les maintenir « vivant ».

C’est pourquoi en général, l’appétit s’arrête puis quelques heures ou quelques jours plus tard la boisson avant que le cœur ne s’arrête.

Le corps a besoin de s’affaiblir progressivement pour le passage.

Parfois, comme chez l’humain, il y a aussi un regain d’énergie ou d’appétit la veille de la mort, cela peut être un signe indicateur.


Les autres animaux de la maison peuvent aussi changer de comportement avant le départ d’un animal (se rapprocher de lui ou bien s’en détacher).

En bref, pour avoir accompagné beaucoup d’animaux , je sais qu’il y a une « intelligence » naturelle qui fait que l’on peut avoir confiance (mais ce , dans la mesure où l’on ne perturbe pas tout ça avec trop de médicaments qui maintiennent un état artificiellement).

A un moment donné, il peut être nécessaire d’arrêter tous les traitements (en général dans les derniers jours) afin de ne pas perturber les processus naturels.


La fin de vie ne veut pas dire souffrance, c’est cela qu’il faut arrêter de croire. Cela peut se passer très tranquillement, comme une flamme qui s’éteint.




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